Brian Solis : « Ce qui vous sauvera, c'est devenir humain »

Non non non, n’insistez pas. Même si vous lui demandez avec un sourire, Brian Solis ne vous donnera pas le numéro de téléphone d’Ashton Kutcher, aka monsieur Demi Moore, aka monsieur six millions de followers sur Twitter – et que Brian connaît pourtant bien : l’acteur a préfacé son dernier ouvrage, Engage.
Nous vous proposons par contre un compte-rendu de l’intervention qu’il nous a fait le plaisir de délivrer, lundi 6 décembre, dans le cadre du deuxième épisode des rencontres RSLN.
Nous nous sommes aidés de vos 307 tweets de compte-rendu (!), et accompagnons le tout de quelques photos de la rencontre.
![]() | Les rencontres RSLN sont organisées en partenariat avec Slate.fr, où ce billet fait l’objet d’une reprise. |
> Vidéo intégrale de la conférence de Brian Solis :
> Qui est Brian Solis ?
Nous vous avions présenté Brian Solis comme « blogueur, animateur de communauté en chef (cf ses 70.000 et quelque suiveurs sur Twitter), et patron d’une agence de conseil en stratégie web / accompagnement du changement via le Web ».
Sur l’échiquier des idées du numérique, il se définit lui-même comme un mélange entre les « deux extrêmes que sont Clay Shirky et Andrew Keen » : en clair, un observateur attentif « plutôt neutre » de l’impact des médias sociaux sur les individus et sur la société.
Comme notre « portraitiste » Geneviève Petit l’a très bien résumé :
« Ne dites pas à ma mère que je fais des PR 2.0, elle me croit consultant en organisations … ».
Bref, le métier de Solis, c’est d’expliquer aux organisations comment le Web social les bouscule.
> Humilité !
« Nous sommes tous des étudiants », lance Solis dès les premières phrases de sa présentation.
« Le Web évolue tellement vite qu’il est absolument impossible de penser sérieusement pouvoir le dominer et en comprendre tous les aspects » : le Web 2.0 est déjà derrière nous selon lui, il n’est pas sur que l’on voit un Web 3.0 d’ailleurs.
C’est pourquoi il appelle à plus de recul et à une prise de distance pour mieux comprendre les enjeux et les conséquences.
> Du Web des données au Web du contexte
Solis explique que l’on est passé par plusieurs phases du Web : celle des données, du contenu, des individus et maintenant celle du contexte et de la pertinence qui prennent un rôle fondamental.
C’est ce que Solis conceptualise dans son « algorithme humain » : les tags, les partages et les recommandations organisent le Web d’une nouvelle façon, à la fois grâce à la technologie mais surtout grâce aux interactions humaines.
Et cela change radicalement le rapport à l’information et aux contenus : il est toujours possible de les chercher, sur un moteur de recherche par exemple, mais de plus en plus le contenu nous arrive directement, principalement sur les réseaux sociaux.
> L’humain au centre

> La co-création
Cette idée de co-création est centrale dans l’analyse de Solis : une marque ou une entreprise peut communiquer sur ses actions, ses produits, ses employés … mais les wikis, les blogs, les réseaux sociaux font émerger d’autres avis, ceux des consommateurs qui modifient radicalement le « rapport de force ».
Les marques doivent s’emparer de ces mêmes outils pour s’engager auprès de leurs audiences, tout en prenant compte de la spécificité de chacun de ses consommateurs :
« Ce que les gens expérimentent et partagent définit l’image et la perception de la marque, sans que vous n’y fassiez rien.
Les médias sociaux n’ont pas inventé la conversation, les gens ont toujours parlé des marques mais vous ne pouviez simplement pas l’entendre : aujourd’hui vous le pouvez et vous devez vous en servir pour vous engager. »
> Les marques à l’assaut de leurs consommateurs
Solis explique que les individus étaient censés venir directement aux marques ou aux médias.
Maintenant il faut « construire des ponts pour les atteindre », leur attention est dispersée, partout sur le Web et il faut se battre pour la conquérir. Les plus de 90 millions de tweets postés chaque jour en témoignent.
> De nouvelles zones de confiance et d’influence

> L’importance de la vie privée
Dans sa description de ce monde « social » et étroitement interconnecté, Solis ne soulève pas directement la question de la vie privée. La thématique est abordée lors de la session de questions-réponses : « le problème avec la vie privée c’est que l’on n’y pense pas. Au moins jusqu’à ce qu’il soit trop tard. »
La question doit donc être traitée en amont : « Il faut des programmes éducatifs pour former les parents, les familles, les enfants. Il faut montrer ce qu’il peut se passer si l’on perd le contrôle sur notre vie privée » explique-t-il prenant pour exemple les problèmes à l’embauche après consultation des réseaux sociaux.
Etonnamment, Solis montre que ce sont parfois les jeunes enfants qui comprennent le mieux ces problématiques :
« Certains enfants, pour se protéger et protéger leur image en ligne, ont compris que s’ils laissent leur profil en ligne accessible, ils s’exposent.
Ils désactivent leur profil quand ils se déconnectent des réseaux sociaux et les réactivent en se reconnectant : ils contrôlent complètement leur présence en ligne. »
Mais la vie privée reste pour autant un thème bien plus important que l’on ne le réalise pour l’instant : la vie privée telle qu’on la connaissait a disparu, il faut en créer une nouvelle. Mais qui la forge interroge Solis ?
Un professeur, un ami, un parent voire une enfant doit comprendre les risques de vivre en permanence en public et enseigner cette connaissance aux autres pour la répandre. C’est sans doute là le message central de Brian Solis :
« Il est temps de se replonger dans le travail et de retourner étudier. Vous n’avez peut-être pas le temps mais rien de tout cela ne va disparaître ou changer.
Prenez le temps de comprendre, pour votre marque, pour votre entreprise mais surtout pour vous. »
> Et toujours :